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>>>>>>>>>>>>>>>>>> Chiche ! info
un bulletin écolo-alternatif et tout et tout,
à parution quasi-hebdomadaire
Les biocarburants, une affaire qui roule
La même chose, mais en bio ?
Les biocarburants intéressent beaucoup de monde depuis que le pétrole a
atteint des prix jamais vus. On nous parle ainsi aux plus hauts niveaux
de l'Etat de la fin du pétrole et de la panacée que représentent les
biocarburants... Ces biocarburants sont des ressources renouvelables, et
les gaz à effet de serre qu'ils dégagent ne sont autres que ceux que les
plantes ont puisés dans l'atmosphère durant leur vie. Jusqu'ici tout va
bien. Mais imaginons un monde où les voitures roulent toutes aux
biocarburants.
Toutes les surfaces agricoles européennes ne suffisent pas pour
alimenter le parc automobile du continent en biocarburants, il faut donc
importer du monde entier des produits végétaux et réduire ainsi
drastiquement les terres qui nourriront les populations. Ces produits
sont cultivés à coup d'engrais et de pesticides sur des terres issues
d'une déforestation qui ruine les équilibres naturels locaux. Ils sont
ensuite transportés dans nos pays par bateau, transformés en huiles
pures ou éthanol dans les usines de grands groupes qui abreuvent chacune
les stations-service de territoires immenses.
Pendant ce temps la ville est toujours encombrée de voitures dont
l'usage est toujours interdit aux populations les plus pauvres alors que
la société n'est toujours pas conçue autrement. Les accidents de la
route tuent et handicapent toujours des milliers de personnes. Les
campagnes se désertifient toujours, puisqu'en un coup d'accélérateur ses
habitant-e-s/vacancièr-e-s toujours plus nombreux/ses ont pris
l'habitude d'aller travailler ou consommer dans des zones plus
urbanisées. Les liens sociaux sont toujours mis à mal par l'usage
quotidien de la voiture, laquelle monopolise toujours la presque
totalité de l'espace public urbain. Le CO2 toujours rejeté ne contribue
plus à l'effet de serre mondial, mais l'air des villes est toujours
aussi dégueulasse... Le rêve.
Vivent les tartines !
Comme pour la problématique du nucléaire, les énergies renouvelables ne
seront jamais la réponse technique qui permettra à une société de vivre
toujours aussi bêtement, mais avec la certitude d'être constamment
approvisionnée et un impact environnemental réduit... Le renouvelable
doit aller de pair avec une forte réduction de la consommation
énergétique, et c'est tant mieux car la société automobile fait naître
d'autres problèmes que purement environnementaux.
Toutefois, pour un usage très limité de la voiture qui sera profitable à
touTEs, on a de quoi être séduit par les biocarburants. En premier lieu,
des huiles végétales (colza, tournesol) produites et utilisées
localement sur des terres actuellement plantées en un maïs dont on ne
sait plus que faire sur le plan alimentaire comme industriel, et qui
devront être cultivées par une paysannerie autonome des grands groupes
agro-alimentaires, semenciers ou pétroliers. En second lieu, le méthane
issu de la fermentation de nos déchets végétaux. Cette opération
naturelle en l'absence d'air produit un hydrocarbure renouvelable et des
déchets solides proches du compost. Les bus de grandes villes
fonctionnent déjà avec ces deux types d'énergie d'origine végétale. Les
bus, et pas la bagnole de monsieur qui va faire ses courses au Mammouth
ou celle de madame qui va gérer cinq jours par semaine les ressources
humaines de son entreprise... de pièces détachées automobiles.
L'usage des biocarburants ne peut pas être imaginé autrement que dans
une société sobre qui a adopté des principes tout simplement...
vélorutionnaires. Car le meilleur des biocarburants, c'est bien une
tartine de pain qui par une opération physiologique très banale donne la
pêche pour prendre son vélo !